En quelques années, nos téléphones portables se sont transformés en assistants personnels indispensables. Ils sont désormais incontournables pour notre mémoire, notre orientation, notre agenda, nos informations, nos « laissez-passer » et pour accéder à une multitude de services via diverses applications.
Quand les mobiles s’imposent comme supports de confiance
L’avenir de nos téléphones portables semble particulièrement prometteur, alors que nous nous apprêtons à leur confier une nouvelle génération de services à forte valeur ajoutée, appelés « services de confiance ».
Ces services de deuxième génération se caractérisent principalement par l’utilisation de données plus sensibles pour l’utilisateur, telles que celles liées à son identité, ses transactions de paiement, sa mobilité, la monnaie qu’il détient ou encore sa santé. Les utilisateurs ont donc besoin de garanties supplémentaires concernant la sécurité de ces données et le respect de leur vie privée, ainsi que des assurances sur la valeur légale des informations, des consentements échangés et des transactions effectuées.
Les portefeuilles électroniques, ou e-wallets, contiennent des données utilisateurs gérés depuis un téléphone mobile et stockées soit sur l’appareil, soit (de plus en plus) sur un serveur dans le Cloud.
Comment les e-wallets se distinguent-ils des applications courantes ?
À l’origine, les premiers e-wallets étaient dédiés aux paiements. La nécessité de protéger ces données critiques justifiait le concept de portefeuille cryptographiquement sécurisé. Cependant, la notion de e-wallet a évolué. D’une part, le périmètre du stockage sécurisé des données s’est étendu à leur transmission et à leur stockage sur le Cloud. D’autre part, les e-wallets deviennent de plus en plus multifonctionnels et interopérables, offrant une architecture bien plus avancée qu’une simple application. Cette architecture repose sur trois dimensions : l’interopérabilité, le fonctionnement multi-usage et la sécurité de l’écosystème.
Voici quelques exemples concrets de ces architectures, tels que préconisés dans le cadre du projet de portefeuille européen :
- Gestion de formats numériques variés : les portefeuilles électroniques doivent être capables de gérer plusieurs formats numériques de données et de documents officiels, fonctionnant aussi bien en mode présentiel qu’à distance.
- Traitement de services tiers : ils doivent pouvoir traiter des services publics ainsi que des services du secteur privé.
- Représentation multiple : ces portefeuilles doivent être utilisables pour représenter des personnes physiques et morales.
- Conservation d’historique : ils doivent pouvoir conserver un historique fiable des transactions et des échanges réalisés.
Cette liste est loin d’être exhaustive et il devient évident que le cadre architectural de l’ensemble de l’écosystème des e-wallets nécessite un degré élevé de savoir-faire et de sophistication dans son développement.
Plus de la moitié de la population mondiale concernée
Le paiement sur mobile et les « pass sanitaires » standardisés ont, en quelque sorte, ouvert la voie au portefeuille électronique. Comment? En familiarisant les utilisateurs avec l’utilisation des appareils mobiles et de leurs applications logicielles.
Les volumes annoncés sont impressionnants et dessinent un marché d’autant plus attractif que les pratiques devraient être relativement harmonisées et standardisées. L’adoption par le grand public devrait être favorisée par la gratuité des services de base tels que l’identification, l’authentification et les transactions de paiement simples.
À l’échelle européenne, le nombre d’utilisateurs potentiels du «EUDI Wallet» pourrait atteindre entre 360 et 450 millions, sur la base de 80 % de la population européenne. À l’échelle mondiale, l’utilisation des e-wallets pour les paiements est déjà bien répandue en Asie et dans d’autres pays émergents, offrant une base d’utilisation considérable à enrichir avec de nouveaux services.
Selon une étude Juniper, le nombre de portefeuilles électroniques dans le monde pourrait excéder 5.2 milliards d’ici la fin 2026, représentant plus de 60% de la population mondiale. Il s’agit donc d’un marché prometteur, doté d’un fort potentiel de développement dans presque tous les pays du monde.
Vers une nouvelle génération de services
Quels nouveaux usages émergeront avec les e-wallets ? En général, ce seront des services nécessitant une confiance accrue et un encadrement technique et légal des transactions. Voici quelques exemples sectoriels pour illustrer cette évolution :
- Éducation supérieure : l’inscription des étudiants et la vérification des diplômes seront simplifiées et sécurisées grâce au e-wallet. Ce dernier pourra également servir de moyen d’authentification pour suivre des cours en ligne ou bénéficier d’une formation professionnelle.
- Santé : le e-wallet facilitera l’authentification des patients et l’attestation de leurs droits et couvertures spécifiques. Les utilisateurs pourront gérer leurs espaces numériques de santé, tandis que les médecins pourront envoyer des ordonnances et des résultats d’examens médicaux validés.
- Monnaie et paiement : les e-wallets permettront de stocker des clés et des valeurs numériques, à l’instar des crypto-wallets, et ainsi de conserver et utiliser des unités monétaires. Les formes de paiement disponibles via le e-wallet seront diversifiées : paiement instantané, de personne à personne, paiements fractionnés, souscription et résiliation d’abonnement.
- Mobilité et transport : les e-wallets faciliteront les pratiques de billettiques personnalisées, permettant une plus grande modularité (heures, fidélité, droits aux subventions locales) et une tarification unique pour des transports multimodaux ou récurrents. De plus, la location de voiture et l’autopartage seront simplifiés grâce à la vérification instantanée de la validité du permis de conduire et de l’assurance du titulaire via son e-wallet.
Ces nouveaux services illustrent le potentiel des e-wallets à transformer divers secteurs, en apportant confiance, sécurité et efficacité dans les transactions et interactions numériques.
Conclusion
La fourniture de données personnelles d’identification, la signature numérique et la vérification d’attributs personnels transforment nos téléphones mobiles en instruments privilégiés de confiance, accordant une place centrale à l’identité numérique. En effet, les étapes d’identification, d’authentification et d’autorisation/consentement augmentent la valeur ajoutée des nouveaux services offerts par les portefeuilles électroniques. L’utilisateur peut désormais administrer ses données de manière fiable, sécurisée et autonome, lui permettant d’accéder à une gamme de services numériques de façon plus sûre et pratique.
Source : https://www.juniperresearch.com/press/digital-wallet-users-exceed-5bn-globally-2026/